Le système éducatif réunionnais connaît une transformation profonde qui se caractérise par l’accroissement des effectifs scolaires et des niveaux de qualification. Cette évolution est liée à la priorité donnée à l’amélioration des équipements et de l’offre éducative et de formation. Les efforts accomplis assurent aujourd’hui une bonne couverture en structures éducatives ainsi que des niveaux de réussite conformes aux niveaux nationaux. La qualité du système éducatif porte d’importantes ambitions régionales. Néanmoins, une part de la population reste éloignée de ce phénomène. La couverture de l’ensemble des besoins, à la fois pour l’atteinte des plus hauts niveaux de qualification, mais aussi pour une inclusion sociale de tous, nécessite des moyens adaptés.
Les effectifs se sont accrus au cours des années 1990. Depuis, ils sont relativement stables et sont marqués par des variations faibles d’une année sur l’autre, bien que ce constat puisse être nuancé en fonction des niveaux scolaires. D’une façon générale, l’effectif scolarisé du premier et second degré a augmenté de 7,24% entre la rentrée 1994 et la rentrée 2010. Les effectifs scolarisés passent ainsi de 207 607 en 1994 à 222 256 en 2011.
La population scolarisée dans l’enseignement supérieur est en progression depuis 2006 mais reste marquée par un rythme de croissance mesuré. Entre les rentrées 2006 et 2010, l’effectif est passé de 16 884 à 17 398, soit une augmentation de 514 étudiants seulement (+3%).
Les filières hors Education nationale sont celles ayant gagné le plus d’étudiants sur la période (formations paramédicales et sociales, agriculture, beaux-arts, architecture ; gestion et commerce).
Cette évolution relativement faible au cours des dernières années (depuis 2006), doit être regardée dans son contexte. En effet, l’académie de La Réunion est relativement jeune (1984), tout comme l’université (1982, précédée depuis 1970 par un « centre universitaire »).
L’effectif étudiant de l’éducation nationale est passé de 400 étudiants en 1965 à 15 362 étudiants en 2010 avec une stabilisation des effectifs depuis 2005 (15 587 étudiants).
Le taux de réussite au baccalauréat n’a pas cessé sa progression depuis 1984 : en 2010, 58% y accèdent contre 65,7% en métropole. Même si à cet égard, des marges de progrès demeurent, les changements sont patents : en 2008, un réunionnais sur quatre possédait un niveau de formation au moins équivalent au baccalauréat contre seulement 17% en 1999.
La population n’étant titulaire d’aucun diplôme baisse de 62% en 1999 à 52% en 2008. Cependant un objectif de rattrapage du niveau hexagonal (30%) serait encore éloigné. Avec les générations successives, la part des publics de niveaux de formation CITE 1 et 2 dans la population réunionnaise se réduit, tandis que celle des niveaux supérieurs (CITE 5, 6 et 7) augmente. Les niveaux de formation et de qualification se sont ainsi accrus de façon significative à La Réunion, fruits des politiques publiques engagées.
Si l’évolution générale de la qualification est orientée positivement, une proportion très importante de jeunes reste à l’écart de cette dynamique. Ceci s’explique entre autres par les handicaps économiques et sociaux anciens d’une population initialement peu ou non formée et qui n’a que peu suivi les cursus scolaires. Le rattrapage observé supra s’est effectué en une génération. Mais la reproduction intergénérationnelle de l’échec scolaire a affecté durant cette période et affecte toujours de très nombreux jeunes. Ceux-ci, sans diplômes, sont handicapés pour accéder à l’emploi. L’illettrisme, l’échec et le décrochage scolaires sont ainsi des obstacles majeurs de l’inclusion sociale, de l’accès à l’emploi, et du développement de la société de la connaissance.
Un jeune sur deux (49%) sort précocement du système scolaire. Sans aucun diplôme, ils n’ont que peu de perspectives de trouver un emploi. Avec deux fois plus de sorties précoces que la moyenne nationale, La Réunion est aux côtés des autres DOM en queue du classement des régions françaises, selon le recensement de la population de 2007.
Cependant, une autre réalité révèle les disparités de situation avec l’hexagone. En 2009, le taux de sortie sans diplôme des jeunes était de 11,6% pour 5,9% en métropole. Le taux de sortie sans qualification de l’académie est en baisse depuis 2005, date à laquelle il a atteint son maximum de 16%. Le flux d’élèves sortants sans qualification à La Réunion passe ainsi de 2083 en 2001 à 1442 en 2010.
Le rythme doit être maintenu car La Réunion a toujours un taux de sortie sans qualification largement supérieur à celui de la métropole qui reste stable. La Réunion se situe au deuxième rang des taux de sortie les plus élevés, après la Guyane.
Un autre indicateur pertinent pour mesurer l’ampleur des fractures éducatives est la part des diplômés dans une tranche d’âge. En 2009 :
L’illettrisme accroît et pérennise le risque de reproduction intergénérationnelle de l’échec scolaire. La Réunion compte 111 000 illettrés en 2012 contre 100 000 en 2007, soit une augmentation de 11% en cinq ans pour une population il est vrai, en croissance. Selon l’Insee, deux tiers des illettrés sont des hommes. La Réunion garde un taux d’illettrisme structurellement important malgré les fluctuations d’une année à une autre. Il augmente entre 2009 et 2010, passant de 15% à 16,9%. Entre 2010 et 2011, il baisse mais reste trois fois plus élevé qu’au niveau national : 15,5% à La Réunion pour 4,8% au niveau national. La France quant à elle garde un taux d’illettrisme assez stable depuis 2009.
Sur les plus de 200 000 actifs occupant un emploi en 2007, un sur six éprouvent des difficultés face à l’écrit. C’est le cas d’un chômeur sur trois. Une personne maîtrisant mal la lecture et l’écriture a probablement plus de difficultés à trouver un emploi dans un contexte de marché du travail sélectif.
Le lien entre précarité et illettrisme est accentué à La Réunion. En France métropolitaine, seulement 17 % des personnes dont les parents ne s’en sortaient pas sont en situation préoccupante face à l’écrit, soit 27 points de moins qu’à La Réunion.
Face à l’écrit, les plus jeunes sont moins souvent en difficulté que leurs aînés. Néanmoins à La Réunion, un jeune sur sept reste en situation d’illettrisme. Ce taux ne baisse pas entre 2007 et 2011. En revanche, entre 60 et 65 ans, le nombre de personnes en situation d’illettrisme régresse du fait de la sortie du champ de l’étude des générations les moins bien scolarisées.
Les jeunes diplômés réunionnais disposent d’un niveau à l’écrit et en compréhension orale similaire à leurs homologues métropolitains. Ils ont cependant, à l’instar de la population réunionnaise, de fortes lacunes en calcul.